Ell’Luann
 

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« Ecoute-moi attentivement mon fils ! Je me sens las et la maladie qui me ronge aura bientôt raison de moi. Je ne pense plus posséder beaucoup de temps pour t’enseigner mes derniers savoirs ». Après avoir tenté d’éclaircir sa gorge, Fengor Ell’Luann, chef du clan Luannar, reprit : « Dès que tu auras atteint ta majorité, tu seras amené à prendre en main la gestion du clan. De grâce, ne fuit pas ce rôle qui t’incombe et ne part pas rejoindre la cour du Roi, à Dédale du Mont, notre bonne capitale. Ta place est ici, auprès des tiens, dans ton clan, le clan des Fils d’Ell’Luann. »

« Le Roi Khitarïn VII est un bon roi. Il tient sa sagesse de son aïeul Khitarïn Ier. Ce dernier a réussi à unifier les clans des Hauts Plateaux et à y installer une paix presque durable. Les guerres incessantes qui ont marqués notre histoire depuis de nombreux siècles – même nos plus anciennes légendes ne parlent que de guerre de clans – ne nous ont pas permis de nous développer. Au contraire, cela nous a endurci. Toutefois, aujourd’hui nous pouvons enfin nous consacrer à nos familles et à leurs subsistances. Occupe-toi consciencieusement des troupeaux. Tu assureras ainsi un avenir aux enfants de la Lune. »

« Cependant de nouvelles rumeurs de guerre dans de lointaines terres au nord des Hauts Plateaux courent. Les ressources semblent manquer aux autres royaumes. Je ne sais ce qui se trame, mais ce que j’entrevois est de mauvais augure. J’implore les Dieux qu’une douce destinée soit accordée aux Fils d’Ell’Luann. Notre Roi devra prendre une sage décision comme il a toujours su le faire. La Lune l’y aidera. »

« Sers-moi ma décoction de menthe que je reprenne des forces. J’ai encore beaucoup de choses à te dire. ». Le vieux Fengor Ell’Luann déglutit lentement, soupira et reprit.

« A ma mort n’oublie pas de te rendre à Dédale du Mont pour t’y faire connaître comme nouvel émissaire de la Lune pour les Fils d’Ell’Luann. Le jour de la Grande Gibbeuse approche. Quoi de mieux pour ton intronisation que notre fête annuelle ? Cette réunion de tous les clans des Hauts Plateaux pour une semaine de réjouissances et de culte est une occasion idéale. Je ne pense hélas pas vivre jusque là. »

« Je te parle tant de la Lune car beaucoup de choses dépendent d’Elle. Elle nous voit, nous observe. Le jour où la mort nous fauche, elle nous juge et décide si nous sommes dignes de vivre en elle ou si nous sommes condamnés à vivre en pénitence. Nul ne sait ce qu’il advient des exclus de la Lune mais tu peux avoir une certitude : en dehors de la Lune aucune paix, seulement de sombres et éternels destins. Si tu suis mes recommandation, tu ne craindras pas le jugement de la Lune et elle t’accueillera comme un membre respectable et respecté du clan Ell’Luann. »

« Contente-toi, comme je te l’ai souvent signifié, de veiller sur le clan des Ell’Luann.

- Oui, père, je te le promets. Je veillerai sur le clan comme tu as su le faire. Je veillerai à respecter et à faire respecter la sagesse de notre Lune. Je veillerai à ce que nous vivions en harmonie avec notre nature.

- J’aime t’entendre parler ainsi mon fils. Continue à honorer la Lune que tous les clans et le Roi vénèrent. »

Le vieux resta pensif un moment puis ajouta : « Une autre chose mon fils. Elle est également très importante… ». Le visage du vieux se durcit. « Il est un peuple, que je n’ose nommer, dont il faut se méfier plus que tout : nos sombres voisins du Sud. Si la Lune conduit les Fils d’Ell’Luann près de la frontière, il te faudra être très vigilant. Ton cousin y a été kidnappé lorsque tu avais 18 mois. Nous traversions la plaine après avoir fait halte à Altariane en longeant les montagnes au Sud. Et ce n’était pas la première fois qu’un enfant fut enlevé. Prends soin des enfants du clan car lorsqu’un nourrisson disparaît, il est impossible de le retrouver. Par plusieurs fois, des hommes ont tenté de ramener les captifs, mais jamais personne n’en est revenu. Je n’ai personnellement jamais rencontré d’individus y résidant et j’en suis heureux. Il est raconté qu’ils se livrent à de ténébreux rituels, sacrifient des enfants et pactisent avec les démons. Certains sont même scarifiés sur tout le corps. La populace semble exploitée et considérée comme du bétail. Par chance des garnisons sont affectées à la surveillance de cette frontière et j’ai appris que les autres royaumes fournissent armes et apports pécuniaires pour prévenir de toute invasion. Ils en sont capables. Cela fait parti de leurs desseins ! J’ai peur pour toi mon fils. »

Alors que le masque de la peur quittait son visage, il prononça avec grande difficulté : « Je crois que je n’ai rien à rajouter pour aujourd’hui. Vas rejoindre ton épouse qui mène le troupeau sur la colline. Je suis las de ma vieillesse. Je veux me reposer et mourir. Adieu mon fils. Médite avec soin ce que je t’ai dit ce soir. Adieu »